Pour un accueil des migrants digne, respectueux des droits et libertés fondamentales au sein de l’UE

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Débat sur l’accueil des migrants au sein de l’UE et la réforme du règlement de Dublin III

Le mercredi 24 novembre 2021, 27 personnes sont mortes noyées dans la Manche parce que migrants. C’étaient des femmes de 22 à 46 ans, des hommes de 19 à 46 ans, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans.

Une enquête du Monde relate que les migrants ont appelé à l’aide les autorités françaises et britanniques quand l’embarcation a commencé à couler. En vain.

La politique européenne de contrôle des frontières tue. Ces drames humains n’ont de cesse de le démontrer.  Ils ne sont pas le fruit de la fatalité.  Ils résultent d’abord d’une politique inhumaine, qui pousse les personnes exilées à risquer leur vie. 

Cette politique dessine des frontières de sang : aux abords de l’Europe une mer-cimetière, des forêts peuplées de migrants affaiblis, des montagnes habitées par des enfants.

Et des morts.

En 2021, le nombre des pertes de vies humaines lors des périples migratoires a dépassé les 4 470 selon l’Organisation internationale pour les migrations.  Selon l’ONG Caminando Fronteras, le bilan pour 2021 serait même bien supérieur, puisqu’elle dénombre plus de 4 400 migrants morts ou disparus en tentant de rejoindre l’Espagne.

Face à la multiplication de ces drames, le caractère fondamental et essentiel du droit d’asile aurait dû conduire les États européens à réaffirmer l’inconditionnalité de l’accueil, à assurer le respect des droits des personnes et à appliquer la convention de Genève de 1951.

Bien loin de ces exigences élémentaires, l’Union européenne et les États membres ont réduit la question migratoire à une menace et adopté une logique défensive, voire coercitive.

Le renforcement de la protection aux frontières avec l’édification de barrières toujours plus hautes et sécurisées, la politique communautaire des visas extrêmement restrictive, le développement de l’agence Frontex abreuvée de millions à l’adoption de chaque budget européen, l’externalisation des contrôles frontaliers par la sous-traitance des contrôles migratoires aux pays limitrophes ont contribué à consolider la forteresse Europe. 

Depuis l’accord passé entre l’Union européenne et la Turquie en 2016, le plus grand centre d’hébergement des réfugiés d’Europe semblait être surtout conçu pour dissuader les migrants de venir. Cette politique n’a fait que s’appesantir.

La libre circulation des biens, des capitaux et des personnes induit par le traité de Maastricht ne concerne bien évidemment pas les non Européens. Le néolibéralisme ne réservant ce droit fondamental, celui de la libre circulation, qu’aux nantis et aux bien-nés du nord de l’hémisphère.

Le Président Macron a d’ores et déjà donné le ton de sa présidence de l’UE : il souhaite une réforme de l’espace Schengen pour que l’Europe protège ses frontières face aux crises migratoires.

Nous le disons, l’Europe forteresse est un projet voué à l’échec. Sa mise en œuvre charrie des mesures et pratiques qui portent atteinte aux droits de l’Homme, dont le respect relève officiellement des valeurs universelles communes à l’Union européenne et ses États membres. L’injuste règlement de Dublin pour les pays européens frontaliers prépare des lendemains sombres fait de conservatismes haineux et dangereux. Le blocage politique structurel auquel l’UE fait face depuis 2015 ne pourra se résoudre sans l’acceptation des mouvements migratoires. Il nous faut d’urgence changer de paradigme. Nous sommes à l’aube d’un réchauffement climatique qui sera à l’origine du déplacement forcé de dizaine de millions d’êtres humains à travers les continents. Notre seule et unique boussole doit être un accueil digne, respectueux des droits et libertés fondamentales. 

C’est la raison pour laquelle nous vous appelons solennellement à jouer un rôle moteur, au sein de l’Union européenne, pour sortir d’une logique de dissuasion et d’endiguement des flux migratoires, de renforcement des contrôles aux frontières et d’augmentation des retours vers les pays d’origine. 

En ce sens, nous vous demandons si la France, qui préside le Conseil de l’Union européenne pour six mois, est déterminée à promouvoir une réforme ambitieuse du droit d’asile en Europe, à privilégier la mise en œuvre de voies sûres et légales d’accès à l’Europe, et à encourager une solidarité effective d’accueil aux frontières extérieures de l’Europe.