La santé psychique ne doit pas être une marchandise

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État de la santé psychique en temps de Covid

Monsieur le Président, Monsieur le ministre, Chers collègues,

Les annonces faites en clôture des Assises de la santé mentale révèlent un choix plus que regrettable : celui de ne pas s’appuyer sur le service public, de fait les services de la santé psychique sont en grande souffrance, faute de moyens, dégradés par des choix politiques.

Les politiques en la matière ont imposé une approche gestionnaire du soin.

Nous le disons, la santé ne doit pas être une marchandise.

C’est pourtant exactement le sens de la réforme du financement des activités de psychiatrie. Avec cette réforme, la psychiatrie publique, déjà chroniquement sous-financée, verrait son mode de financement passer d’une dotation globale à une tarification à l’acte. Ce mode de financement s’inspire de la tarification à l’activité, déjà généralisée dans le monde hospitalier, consistant à mesurer l’activité des établissements pour calculer les ressources allouées.

Cette mesure, de la bouche des médecin psychiatres, va sans nul doute imposer un certain type de pratiques qui privilégieront le nombre de patients.

Cette politique publique de santé organise un marché juteux du soin, les plateformes s’occupent de la concurrence. Cette approche du soin en dit long sur la mise en place d’un système d’individualisation des prestations qui laisse sur le bas-côté une réponse collective à une problématique à la fois sociale, médicale, une problématique de société.

Face à une demande de soins accrue, les moyens humains et les capacités d’accueil sont en baisse, et les mesures ne sont pas à la hauteur.

L’annonce par Emmanuel Macron de la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques adultes et infanto-juvéniles, est insuffisante face aux files d’attente qui s’allongent dans ces structures publiques de consultation gratuite pour toute personne en souffrance psychique.

Par ailleurs, la situation des services pour la santé psychique des enfants et des jeunes n’est pas seulement dégradée, elle est en détresse.

Selon les chiffres enregistrés par l’hôpital Debré, les tentatives de suicide chez les mineurs de moins de 15 ans en septembre-octobre 2021 ont doublé par rapport à la même période de 2019, passant de 20 à 40.
Le manque d’attractivité du métier de psychologue scolaire a un fort impact sur la santé des enfants scolarisés. Le concours de psychologues de l’Éducation nationale offre peu de places.

La France est en situation de sous-effectifs. Le rapport « Moro-Brison » de 2016 notaitqu’en France, on comptait un psychologue pour 1 600 élèves, alors que la moyenne européenne était d’un psychologue pour 800 élèves et même un pour 600 élèves en Finlande.

Il convient donc de renforcer l’attractivité de la profession de psychologue scolaire, en revalorisant les rémunérations et les carrières et en augmentant le nombre de postes ouverts.

Il convient également de nommer des psychologues de l’Éducation nationale comme conseillers techniques des DASEN, afin de prendre plus systématiquement en compte la dimension psychologique des difficultés au sein de l’école.

Les étudiants et étudiantes ont également vu leur santé psychique s’aggraver pendant cette crise sanitaire. Selon une étude de la Fondation de France, on compterait 2,7 millions d’étudiants fragilisés psychologiquement par la pandémie.
La mesure de chèques psy à destination des étudiants et étudiantes est une réforme « petit bras » qui n’a pas eu les effets escomptés. 14 000 étudiants en ont profité. 14 000 sur les 2,7 millions psychologiquement fragilisés.
De plus, ces chèques offrent un forfait de 30 euros par séance. Rappelons que le tarif moyen d’une consultation chez un psychologue est de 60 euros. Cette mesure vise en réalité les psychologues les plus précaires, souvent en sortie d’études. Cette paupérisation de la profession de psychologue invite à développer des actes à bas prix et à organiser ainsi une concurrence entre psychologues. Elle est aussi la mise en place d’une psychologie à deux vitesses : les psychologues les plus précaires prenant en charge les populations les plus pauvres…

De nouveau, cette mesure fait office de pansement sur une jambe de bois.
Les services de santé universitaires sont saturés. Ils ne sont pas dimensionnés pour faire face aux besoins des étudiants, particulièrement en matière de santé mentale. La création de 80 postes de psychologues en Université n’est pas à la hauteur du manque de moyens constaté.

Je salue donc l’initiative de personnels mobilisés nommée Printemps de la Psychiatrie tentant de tracer le chemin de soins humanisés et de proximité.