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Bonjour à toutes et tous,
Je suis très heureuse d’être parmi vous ce matin et de pouvoir de vive voix vous souhaiter le meilleur pour cette nouvelle année, pour vous, vos proches, pour nous toutes et tous. Je le dis avec sincérité, avec à l’esprit la nécessité de se serrer les coudes pour faire face. Aucun pessimisme de ma part mais j’en ai entendu bcp répondre à mon « bonne année » par un « on va essayer ». J’ai donc eu quelques doutes sur la meilleure manière de m’adresser à vous pour cette cérémonie des voeux.
Il ya l’engagement, les convictions, les espoirs, tout cela constitue mon mandat à votre service mais il faut l’avouer il y a aussi parfois des doutes. Et je crois qu’en politique comme dans la vie, ils sont sains si ils servent à rester alerte. D’ailleurs qui peut dire, dans cette période, qu’il n’a que des certitudes ?!
Les voeux sont généralement l’occasion de donner de l’élan, de se souhaiter de la joie et des victoires. Pas si facile, tant les préoccupations sont grandes, tant les drames occupent nos esprits. Alors que dire : faire la longue liste de ce qui ne va pas ou chercher les quelques raisons d’espérer. Il ya évidemment un chemin entre les deux mais en réalité je crois surtout au fait que le fatalisme est un piège.
Oui les dangers sont réels, il y a même d’immenses périls. Il faut les regarder face, les comprendre, les analyser pour mieux les affronter. Mais je souhaite surtout vous inviter à refuser l’idée qu’ils seraient indépassables car notre fatalisme c’est leur victoire !
Aujourd’hui, un récit nous est imposé, celui de l’inexorable ascension de l’extrême-droite. Je suis lucide et voit bien que c’est une réalité dans de nombreux endroits du monde.
Des pays ont porté à leur tête des gouvernements d’extrême-droite : l’Italie, la Hongrie, la Pologne, l’Argentine. Pas par des coups d’état spectaculaire mais par les urnes.
En Finlande et en Slovaquie, les fascistes participent au gouvernement. En Suède, les nationalistes et néonazi soutiennent le gouvernement.
Dans leurs sillages, des groupes de néonazi défilent dans les rues faisant le salut fascistes ou armés faisant usages de mortiers, de bâtons, agressant, blessant, tuant. En France, récemment ils débarquaient dans un quartier populaire, scandant « Islam dehors ».
Terrifiant, glaçant, pétrifiant.
Oui la course contre leur projet mortifère est âpre. J’ai conscience que devant les colères si fortes ici et ailleurs, le simplisme des propositions du rassemblement national et de leurs amis rencontrent de l’écho, que la haine de l’autre, le racisme prospère. Je vois aussi combien certaines de leurs idées sont aujourd’hui reprises, portées par une large partie de l’échiquier politique, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
Alors quoi, nous allons regarder le fascisme s’installer dans notre pays, ce même pays qui a mené la révolution, la commune, la résistance, le front populaire ? Refusons ce fait accompli. Et pour cela, je le crois viscéralement, il ya une chose essentielle à faire : s’unir, unir toutes les forces qui refusent ce fait accompli et agir ensemble.
Alerter, dire stop, proposer un chemin d’espoir, faire entendre le récit d’une société rassemblée et apaisée par l’égalité, par le respect de chacun et chacune, la citoyenneté, la solidarité et la sobriété. Voilà la tache qui incombe à toutes celles et ceux pour qui l’émancipation humaine est le chemin de la liberté. Vous le voyez, je n’oublie pas que mon mandat repose sur l’engagement du rassemblement des forces de gauche et de l’écologie, que la nupes a permis l’élection de 150 députés de gauche. J’en profite pour saluer chaleureusement mes camarades communistes et les camarades insoumis, socialistes et écologistes.
Avec ces députés de gauche, nous avons mené ensemble une bataille résolue contre l’odieuse loi immigration ou plutôt la loi anti-immigration, née de la compromission entre les macronistes, la droite extrême et l’extrême droite.
Quelle déchéance, quelle faute historique de dresser ainsi un plateau d’argent à l’extrême droite à l’heure de la fièvre populiste et du fascisme qui gangrène nos démocraties.
Décidément, des siècles d’histoire ne leur auront rien appris !
Ce n’est jamais en construisant des murs, en opposant les êtres humains, en alimentant les peurs et en fabriquant de la misère qu’une société peut avancer. Et c’est même précisément comme cela, qu’elle peut s’effondrer.
Pourtant, ils ont avalisé le projet de loi « immigration », porté par le ministre Darmanin depuis plus d’un an, et qui résumait son ambition politique en la matière avec ces termes : « être gentil avec les gentils, méchants avec les méchants »…
À la fin, le vote de la loi a surtout permis à Marine Le Pen de saluer une « grande victoire idéologique » du Rassemblement National.
Et pour cause : ce texte, s’il était appliqué, instituerait dans le droit français la « préférence nationale », revendication centrale du FN depuis 50 ans, condamnant des milliers de personnes dans le pays à une « citoyenneté de seconde zone ».
Naître Française ou Français deviendrait en quelque sorte un privilège inné.
Contre cette loi, nous avons mené le combat à l’Assemblée nationale et encore devant le Conseil constitutionnel cette semaine. Il rendra sa décision le 25 janvier. J’ai espoir qu’il censure quelques unes des dispositions.
Cela serait évidemment un sacré point d’appui pour obtenir le retrait total.
Peut-être avez-vous pris connaissance, ou entendu parler, de cet appel à manifester demain, lancé par 200 personnes de tous horizons, via les journaux Mediapart et l’Humanité, pour appeler le Président de la République à ne pas promulguer cette loi. Je souhaite, pour débuter 2024, que nous y soyons nombreuses et nombreux, pour mener le combat jusqu’au bout et les faire plier.
Je vous parlais du besoin de se serrer les coudes, c’est à mon sens une nécessité, pas seulement pour créer de la chaleur humaine mais aussi comme un outil face à l’individualisation et la fragmentation de nos relations humaines. La fracturation est un terreau fertile pour les dominants. L’aspiration à l’ordre se fait alors jour, et les projets autoritaristes peuvent se déployer. Macron s’est encore engouffré dedans pdt 2h30 cette semaine. Uniforme scolaire, Hymne national, service national et réarmement démographique, tout cela fait froid dans le dos.
Derrière toute cette rhétorique guerrière, il y a en toile de fond un projet autoritaire, des mots de Ciotti et de Zemmour, des remèdes de réactionnaires, une volonté de mise au pas. La jeunesse, celle des milieux populaires en particulier, devrait dans leur projet apprendre à se tenir sage comme demandés aux lycéens de Mantes la Jolie, restés des heures à genoux, les travailleurs devraient accepter n’importe quel boulot, les femmes devraient faire un petit effort par patriotisme.
Il y a aussi dans ce discours une forme de diversion, celle qui consiste à nous faire croire que nous traversons une crise morale, bien pratique pour éviter de parler des crises sociale, écologique et démocratique, celles qu’il ne cesse d’approfondir à coup de 49.3 et de cadeaux aux plus riches.
Quand la nouvelle Ministre de l’éducation nationale a déclaré qu’elle avait mis ses enfants en école privé parce qu’il y avait trop d’heures non remplacées dans l’école publique, j’étais au même moment au lycée Michel Ange à Villeneuve-la-Garenne, où les personnels me faisaient part des difficultés dû au manque de personnels au sein de l’établissement qui a connu, comme au lycée Maupassant à Colombes, des tirs de mortiers ces dernières semaines. De Blanquer à Attal, tous ont ont largement contribué à la dégradation de l’école publique.
La nouvelle ministre, au travers de ses mensonges, n’est que le porte voix d’une classe privilégiée qui peut et veut faire sans l’école publique, pas pour éviter les profs non remplacés mais par idéologie conservatrice et séparatiste. Pour celles et ceux qui ne l’ont pas vue, je vous invite à regarder son audition il y a quelques semaines à l’assemblée nationale où elle justifiait les 40 000 euros mensuels qu’elle touchait comme directrice générale de la Fédération française de Tennis et où elle expliquait que comme Ministre, elle était mal payée au vu des heures qu’elle « s’enfournait » – je cite-. Je suis sure que les enseignants qui ont perdus 20% de rémunération ces 20 dernières années apprécieront.
A Gennevilliers, ce sont 11 classes qui sont restés plusieurs semaines sans profs. Nous sommes parents ou grands parents, nous voyons combien la situation s’est dégradée en quelques années. La gauche doit porter ce sujet à bras le corps. Porter un projet d’émancipation, c’est mettre en son coeur un projet pour l’école. Celui-ci ne peut faire l’impasse sur la question des moyens, des salaires, des effectifs, ce projet doit aussi dire clairement comment permettre à tous les élèves quelles que soient leurs origines sociales et culturelles d’accomplir la trajectoire scolaire de leur choix, un libre choix, éclairé, d’une orientation qui ne soit pas subie grâce à un système éducatif fait pour ça. La France demeure un des plus mauvais pays d’Europe en ce qui concerne l’accompagnement des enfants de milieux populaires, en revanche on observe une très belle performance française à porter très loin les enfants de la bourgeoisie.
Je veux remercier chaleureusement tous les parents d’élèves qui se mobilisent pour l’avenir de nos enfants, tous les personnels de l’éducation et je veux adresser en notre nom un soutien tout particulier à cette directrice d’école de Toulouse qui se voit rappeler à l’ordre par le rectorat pour avoir abrité dans l’école des familles à la rue.
Le logement est un droit ! Nous ne pouvons pas compter sur un ministre macroniste pour le dire, encore moins en ce moment puisqu’il n’y en a pas du tout ! Alors même que 4 personnes sont mortes ces derniers jours dans la 7ème puissance économique mondiale.
Nous exigeons la réquisition des logements vacants et la production de logements sociaux. Alors même que la crise du logement est comparable à celle de 1954, sous Macron, il n’en a jamais été produit aussi peu. Quand au début de mon premier mandat j’annonçais un délai moyen d’attente aux personnes qui venaient me voir à ma permanence de 5 ou 6 ans, ceux-ci sont passés à 9 ans aujourd’hui. Voilà une urgence, une vraie, qui demande une action résolue et courageuse. Peut-être pour cela qu’il n’en a pas été question dans le discours du monarque.
Non il a préféré expliqué aux Français que 50 centimes de plus sur une boite de médicaments n’étaient pas un crime. Comme si les citoyens de ce pays n’avaient pas déjà vu tout augmenter sauf leur salaire, comme si le nombre de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire n’avaient pas triplé en 10 ans, comme si il avait exigé quoi que ce soit des 42 milliardaires français qui ont vu leur fortune augmentée de 230 milliards depuis 2020. Comme si pendant ce même temps la richesse cumulée des 30% les plus pauvres n’avait pas baissé elle de 15%.
Comme si enfin la transition écologique n’était pas une urgence vitale et que les militants et militantes qui l’expriment ne devaient pas être protégées plutôt que criminalisées. Le 17 janvier dernier, 9 militants antibassines et syndicaux ont été sévèrement condamnés : des peines de prison avec sursis et milliers d’euros d’amendes s’ajoutent des peines de bannissement du territoire des Deux Sèvres.
Leur obsession du maintien de l’ordre et du réarmement priment sur les priorités écologiques. Le remaniement en est l’illustration : aucune annonce concrète et le transfert de l’énergie au ministère de l’économie.
Pourtant, le cyclone Belal à la Réunion et les deux inondations consécutives dans le Nord Pas-de-Calais concrétisent l’urgence à agir.
Alors que les plus fortunés se réunissent à Davos pour discuter de la production économique en l’absence de ceux et celles qui produisent ces richesses, et, sans même traiter des conditions de possibilité écologique de cette production, il nous faut entamer un changement complet de culture économique, sociale et démocratique.
Vous le saviez déjà mais chaque jour qui passe nous dit combien ce système capitaliste mène notre humanité et notre planète dans le mur. Intérêts nationaux aiguisés, compétitions impérialistes et guerres locales de haute intensité qui mettent en péril le reste du monde sont le visage nouveau de la mondialisation libérale. C’est une manière de vous dire que je pense toujours que notre bataille ne peut-être qu’internationaliste. une bataille aussi avec les peuples qui aspirent à la paix, à la liberté, à leur émancipation. Je pense aux Kurdes, aux Ukrainiens, et évidemment aux Palestiniens.
Il y a un peu plus de trois mois, Israël a déclenché une offensive complète contre la bande de Gaza en réponse à l’attaque menée par les commandos du mouvement islamiste du Hamas le 7 octobre dernier, ciblant ainsi le peuple palestinien.
Trois mois durant lesquels Israël a intensifié sa guerre qu’elle mène contre le peuple palestinien depuis des décennies.
Trois mois de massacres, de transferts forcés, de destructions massives : Israël bombarde, affame, tue la population de Gaza, territoire dévasté, « lieu de mort inhabitable ».
Pendant trois mois, les peuples du monde entier, y compris en France, se sont mobilisés pour exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, ainsi que la fin du nettoyage ethnique planifié.
Depuis le début, nous demandons un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza, et une reprise en main de la situation par l’ONU pour enfin trouver une paix juste et durable basée sur l’autodétermination du peuple palestinien.
Pendant ce temps, nos gouvernants occidentaux ont apporté un soutien inconditionnel, puis critiqué mollement l’État israélien sans condamner les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide perpétrés par l’armée israélienne contre le peuple palestinien. Ils ont tout fait pour nous faire taire, accusation en soutien aux terrorisme ou en antisémitisme, leur seule volonté, nous faire taire, nous ne céderons pas.
Et nous voyons un espoir, celui de la fin de l’impunité. L’Afrique du Sud a sonné la charge. Face à l’inaction ou la complicité directe de certaines nations, l’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice contre l’État d’Israël, sur le « caractère génocidaire » de sa guerre contre les Palestiniens et Palestiniennes de Gaza.
Face à la lâcheté de nos gouvernements, c’est un pays emblématique des causes émancipatrices anticoloniales et antiracistes qui reprend le flambeau. Un pays avec lequel nous portons une histoire, celle de la lutte contre l’apartheid. Une cause qui, à l’époque, semblait elle aussi difficile à atteindre.
Aujourd’hui, l’Afrique du Sud nous ouvre un chemin vers la paix et la justice.
Comme un flambeau, nous allons le porter aussi en France, en déposant avec mes collègues prochainement une résolution pour que la France saisisse la Cour pénale Internationale. et je veux remercie les organisateurs et organisatrices de la marche pour la Palestine qui se tiendra ce jour à partir de 14h30 Place Aragon.
Ensemble, vous le voyez, nous ne sommes pas impuissants même si j’admets que de nombreux murs nous sont dressés.
Vous l’aurez compris, mes doutes ne font que nourrir ma détermination. L’histoire s’accélère alors bifurquons ! Ni fatalisme, ni cynisme, absolument convaincue que la situation nous oblige à nous unir et agir ensemble. Je sais pouvoir compter sur vous, je peux vérifier au travers des très nombreuses initiatives prises dans la circonscription combien les habitants sont attachés à la solidarité, à la paix, au refus du chacun pour soi, merci à vous toutes et tous.
Je nous souhaite donc de ne pas juste essayer de passer une belle année mais de réussir.