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Madame la Présidente,
Monsieur le ministre,
Chers collègues,
C’est l’histoire d’un gouvernement qui n’avait pas de majorité. Pas de cap. Pas de colonne vertébrale. L’histoire d’une cheffe de gouvernement qui voulait sauver son poste, coûte que coûte. Quoi qu’il en coûte à des millions d’étrangers qui fuient la guerre, la faim et le dérèglement climatique, au péril de leurs vies. Chers collègues, c’est l’histoire d’un président qui s’est fait élire contre l’extrême droite et qui nous propose aujourd’hui de voter son programme.
Sans majorité, vous voilà aujourd’hui entrainé dans ce qu’elle a toujours rêvé de faire : l’alliance des droites et de l’extrême droite.
Depuis plusieurs jours, les pires tractations politiciennes ont lieu dans le huis-clos de Matignon et de l’Elysée au mépris de la séparation des pouvoirs. La CMP instrumentalisée pour contourner le Parlement et conclure, coûte que coûte, avec la droite LR alignée sur les positions du Rassemblement national.
Rendez-vous compte collègues, Le Pen fille valide cette loi, regardez les députés du Rassemblement national tout sourire, avec la hargne et l’envie d’en découdre, celle des presque-gagnants.
Les théories de l’appel d’air et du grand remplacement légitimées au gré des articles, la préférence nationale gravée dans la loi, ils peuvent, l’esprit tranquille, faire mine de s’attaquer au sujet du pouvoir d’achat des Français, eux les Boulangistes, eux les Poujadistes aux petits pieds qui refusent d’augmenter le smic.
Le seul appel d’air que je ressens – il a une odeur nauséabonde -, c’est celui du racisme et de la xénophobie décomplexée que vos manœuvres favorisent.
Quelle déchéance, quelle faute historique de dresser ainsi un plateau d’argent à l’extrême droite à l’heure de la fièvre populiste et du fascisme qui gangrène nos démocraties. Car la faute ne prend pas racine dans la CMP mais dès la proposition initiale du texte.
Là où l’extrême droite arrive au pouvoir par les urnes, elle y accède d’abord à cause des grands renoncements, des abandons, des compromissions de ceux qui sont au pouvoir avant elle.
La contrefaçon raciste n’est jamais préférée à l’originale.
L’histoire nous regarde. N’ajoutez pas le déshonneur à la compromission ! rejetez ce texte de la honte.
La honte pour un Président de la République élu pour faire barrage à l’extrême-droite, la honte pour notre pays et ses valeurs de voir ici un texte qui s’apparente à un tract du Front national avec les mots de Jean-Marie Le Pen dans le texte. Certains articles reprennent les mêmes formules et les mêmes propositions défendues depuis des décennies par le Front national. Préférence nationale, quotas, caution de retour pour les étudiants étrangers, atteinte au droit du sol, déchéance de nationalité…
Rendez-vous compte collègues : ces mesures ne sont même pas mises en place par le gouvernement de Giorgia Meloni, tant citée par M. Darmanin !
Les tractations et les marchandages à l’œuvre depuis quelques jours sont l’apanage de ceux qui ne gouvernement plus pour le peuple mais sans le peuple.
Piètres tacticiens qui n’ont que faire des centaines de milliers d’humains qu’ils abandonnent, qu’ils vilipendent.
Il n’y a pas 2 France comme le prétendent les promoteurs du choc des civilisations mais bien un peuple en quête d’unité autour de l’égalité. Les lits d’hôpitaux supprimés, les profs non remplacés, les bureaux de poste qui ferment, les déserts médicaux SONT le fruit de choix politiques, de vos choix, et non celui d’un solde migratoire stable dans notre pays.
À celles et ceux qui s’étranglent devant cette reddition : ne sauvez pas que votre honneur, refusez l’abime. Nos désaccords, nombreux, persisteront mais cette dernière digue, ce dernier rempart face à une idéologie mortifère qui fait de l’étranger la cinquième colonne devrait nous conduire au même vote.
L’Histoire enseigne qu’avant de rejeter l’autre, de lui fermer la porte, son humanité lui a été déniée. C’est de fait la menace à laquelle nous faisons face.
Regardez où la folie raciste mène. Les dispositions ajoutées en CMP vont renforcer la misère et la clandestinité.
Parce que vous n’avez pas de réponse politique à proposer aux désordres du monde, à commencer par la crise sociale que nous traversons, c’est la politique du bouc émissaire, l’étranger et le pauvre comme ennemis.
Il existe des droits inaliénables, lorsque l’on accepte de les dénier à certains alors ils sont fragilisés pour tous.
Cette folie raciste vous conduit même à couper les allocations familiales ou la prime de rentrée scolaire à des enfants français au prétexte qu’ils ont des parents étrangers !
Tout cela est une folie, refusez là.
Mes chers collègues, je vous le dis solennellement, vous allez écrire ce soir une page de notre histoire. L’histoire d’un pays qui, en ce 19 décembre, pourrait renoncer à ses valeurs humanistes. Et basculer vers le pire.