ACCIDENTS DU TRAVAIL : UNE VIOLENCE SOCIALE QUI TUE

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Dans cette période de délitement de l’ordre social, les accidents de travail mettent en évidence beaucoup des dysfonctionnements et de la violence de notre société. 

« En 2019, l’Assurance maladie a reconnu 880 885 accidents du travail, dont 655 715 ayant entraînés un arrêt. Parmi les victimes, 733 sont décédées. »

Dans son article « Les accidents du travail ne sont pas des faits divers », la revue Ballast nous rappelle l’ampleur du phénomène et accuse la banalisation de la question des accidents du travail par les médias et les gouvernements successifs qui tendent à les considérer comme une fatalité. 

Rappelons ici qu’il revient bien à l’employeur d’assurer la santé et la sécurité de ses employés. Selon l’article L. 4121–1 du code du travail, « l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Dans ce cadre, l’employeur ne doit pas seulement diminuer le risque, mais doit l’empêcher ».

Le faible intérêt porté sur ce sujet par les gouvernants permet aussi à des employeurs de passer outre les réglementations et de faire peser sur le dos (souvent littéralement) des travailleurs la violence sociale d’emplois qui abiment et parfois tuent. 

Chaque semaine, une dizaine de personnes perd la vie au travail principalement des ouvriers du BTP, des chauffeurs routiers et des agriculteurs. 40 % des victimes ont plus de 50 ans. Les jeunes sont aussi parmi les travailleurs les plus touchés, notamment les saisonniers et les intérimaires : 80 décès en 2017, témoignant à l’évidence d’une précarité alarmante, d’un dénuement des protections au travail.

En 2019 j’interrogeais la Ministre du Travail sur la documentation statistique officielle relative aux accidents professionnels. En effet, il n’existe toujours pas de documentation statistique globale, précise et systématique des accidents survenus à la fois dans le secteur privé, le secteur public et pour les travailleurs indépendants. Face à ce fléau, qui ne peut rester une fatalité, la création d’un observatoire ou d’une base de donnée précise permettait ainsi un véritable suivi et une mise en avant de l’ampleur du phénomène. 

Ma question est restée sans réponse. Et rien n’a été fait depuis. Pire, la crise sanitaire a accentué les risques en fragilisant davantage encore les missions des inspectrices et inspecteurs du travail. 

Leur métier consiste à veiller à la plus stricte protection des salariés, une tâche essentielle mais qui semble accessoire pour ce gouvernement. Ceux-ci ont déjà subi ces dernières années une importante réduction de leurs effectifs, fragilisant le cœur de leur métier. Aujourd’hui environ 2 100 inspecteurs veillent chacun à la sécurité de plus de 8 000 salariés. Des syndicats représentatifs de leur profession ont dit leur incompréhension face à de nouvelles consignes du ministère du travail, qu’ils jugent contraires à l’indépendance des inspecteurs, garantie par les conventions de l’Organisation internationale du travail. Ces nouvelles consignes invitent en effet l’inspection du travail à « faciliter la continuité de l’activité des entreprises », et cela au détriment de la protection effective et sans conditions des salariés. La mission consistant à vérifier que les salariés ne pouvant pas télé-travailler sont tout de même protégés n’est ainsi plus prioritaire. 

Pendant la crise sanitaire, le taux d’épuisement professionnel (ou « burn-out ») a doublé, culminant à 2 millions de personnes. 44% des salariés se déclarent ainsi en détresse psychologique, et chez les managers, la part monte même à 52%. Il se traduit par de l’anxiété, de l’irritabilité, des troubles de la mémoire et de l’attention, un repli sur soi, des troubles du sommeil et une baisse de motivation, voir de la dépression… Pourtant cette maladie n’est toujours pas reconnue comme maladie professionnelle.

Cette reconnaissance serait pourtant une avancée vitale pour certains travailleurs. Avec des soins remboursés, le salarié est protégé contre le licenciement durant toute la durée de son arrêt. Au terme de celui-ci, il peut se voir accorder des dommages et intérêts en cas de séquelles. 

La sécurité à laquelle aspirent les travailleurs.ses est un droit. Merci au compte twitter Accident du travail qui fait un travail crucial de recensement. 

Pendant ce temps là des députés s’attaquent à la manière dont des femmes se vêtissent pour aller bénévolement tenir des bureaux de vote…

Retrouvez l’article de Ballast : https://www.revue-ballast.fr/les-accidents-du-travail-ne-sont-pas-des-faits-divers/