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Madame la présidente,
Chers collègues,
Judith Godrèche. Christine Angot. Vanessa Springora. Camille Kouchner. Adèle Haenel. Neige Sinno.
Merci. Vous êtes la fierté de la Frabce
Merci à vous, pour vos témoignages qui permettent de mettre en évidence l’ampleur des violences sexistes sexuelles et contribue chaque jour un peu plus à briser le silence.
Pourtant, encore aujourd’hui, nombre d’agressions sexuelles, de violences psychologiques et physiques se déroulent dans un silence assourdissant, en particulier lorsque celles-ci sont subies pendant l’enfance. La famille reste la sphère de socialisation où se produisent le plus de violences sexuelles : 6,8% des femmes et 1,9% des hommes ont rapporté des violences sexuelles dans la sphère intra ou para familiale.
Mais ces violences se produisent également dans d’autres sphères. De l’industrie de la mode aux spectacles vivants en passant par le cinéma, de nombreuses professionnelles ont récemment témoigné des violences sexuelles dont elles ont été victimes lorsqu’elles étaient mineures.
Comme nous y invitait Judith Godrèche, il faut passer du chuchotement à la fanfare !
En 2021, lors d’une audition au Sénat, une dizaine d’ex-mannequins ont accusé des figures de la mode comme Gérald Marie ou Jean-Luc Brunel de les avoir violées dans les années 1980 et 1990 lorsque certaines d’entre elles étaient mineures.
Après avoir déposé une plainte pour viol sur mineurs contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche a dénoncé « l’écrasement de la parole » et l’invisibilisation de la souffrance des enfants » dans l’industrie du cinéma.
Ces milieux ont en commun une dimension de prestige, un lieu fait de relations d’intérêt, d’argent et de pouvoir. Un cocktail détonnant pour une impunité insupportable qui nourrit un système de prédation.
Ajoutons-y la précarité, celles de beaucoup de comédiennes, moins visibles, mais aussi de milliers de techniciennes, d’ouvrières des métiers de l’image.
Relations asymétriques entre réalisateurs et actrices, rapport à l’image, au regard de l’autre et au corps déformé par une contrainte esthétique : les industries culturelles présentent en effet une multiplicité de facteurs de risques de violences sexistes et sexuelles.
De surcroît, ces crimes sont souvent à l’origine d’amnésies traumatiques et de troubles psychologiques pérennes qui entravent davantage la libération de la parole des victimes et par là, la condamnation des responsables.
Ce système de prédation est difficile à dénoncer car il s’agit de lieux de création. Les agressions et agissements illégaux de la part de certains artistes prétextent la liberté de création.
Nous le disons ici : lutter contre les violences n’est pas une atteinte à l’art !
Nous sommes résolument contre la domination masculine et ses conséquences dévastatrices sur l’art, sur nos imaginaires, sur nos corps.
Il ne s’agit pas ici de censure mais de respect. Pas de chasse aux sorcières mais d’une quête résolue de justice et de dignité.
Des dispositifs de protection des mineurs travaillant dans les industries culturelles sont aujourd’hui prévus. Mais ils restent aujourd’hui largement insuffisants ou manquant leur cible.
C’est le cas notamment de l’autorisation préalable mise en place dans l’industrie du cinéma pour encadrer le travail des moins de 16 ans. Cette autorisation qui doit faire l’objet d’une commission des enfants du spectacle composée par un représentant de l’Éducation nationale, d’un médecin et d’un magistrat ne permet pas de détecter les risques auxquels sont exposés les mineurs une fois le tournage commencé. De fait, de nouvelles scènes non prévues initialement peuvent être incluses au moment même du tournage.
Chers collègues, la proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête que nous examinons aujourd’hui est une étape fondamentale qui doit nous permettre d’avancer dans la reconnaissance des victimes d’abus et de violences dans les secteurs culturels et publicitaires et dans la construction de dispositifs protecteurs pour l’ensemble des mineurs et professionnels. Il nous faut des propositions concrètes et nous pouvons je le crois largement nous appuyer sur les 82 propositions de la CIVIISE (juge Durand).
Je terminerai avec les mots de Neige Sinno « Un abus sexuel sur un enfant n’est pas une épreuve, un accident de la vie, c’est une humiliation profonde et systémique qui détruit les fondements mêmes de l’être ». Voilà à quoi il nous faut résolument chercher à nous attquer.
Le groupe GDR votera en faveur de cette proposition, nous remercions Francesca.