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« Un seuil franchi : les autorités israéliennes et les crimes d’apartheid et de persécution », c’est le titre du nouveau rapport de l’ONG Human Rights Watch qui décrit sur plus de 200 pages l’état de “l’impasse du processus de paix”. Dans ce document riche, HRW explique que si le terme d’apartheid était jusque-là utilisé pour “indiquer que la situation se dirigeait dans une mauvaise direction”, il est aujourd’hui légitime de l’utiliser dans son sens plein et entier de système de domination et de persécution. C’est notamment dû au fait que des dirigeants israéliens ont fait part de leur intention de rendre permanent le contrôle observé sur les territoires palestiniens au moyen de leur annexion pure et simple. HRW avance ainsi qu’au nom de mesures de sécurité, Israël commet de multiples “abus” et “une violation systématique des droits des Palestiniens” les relayant à un statut de “citoyens de seconde zone” qui voient par exemple “leurs terres confisquées, leurs oliveraies rasées ou incendiées par les colons, leurs maisons détruites par l’armée israélienne”. Ces innombrables exactions fondent ainsi un système qui s’apparent bien à l’apartheid défini par la communauté internationale comme “des actes inhumains perpétrés au sein d’un régime institutionalisé d’oppression et de domination systématique d’un groupe racial sur un autre, commis avec l’intention de maintenir ce régime”. Ce rapport vient finalement mettre des mots sur les terribles images de ces derniers jours à Jérusalem, où des centaines de partisans de l’extrême-droite israélienne ont manifesté aux cris de “Mort aux arabes” appelant à les “tabasser” et prenant pour cibles les Palestiniens retranchés dans leurs voitures ou leurs maisons. L’armée israélienne, par une de ses provocations habituelles, a elle tenté d’empêcher les Palestiniens de se rassembler à la Porte de Damas, lieu populaire de sociabilité en ce mois de ramadan, blessant 100 personnes en arrêtant 50 autres. Dans ce contexte de ratonnades et d’exactions militaires, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves le Drian n’a rien trouvé de mieux que de déclarer que la France est “préoccupée par les tensions et les violences des derniers jours à Jérusalem, notamment autour de la vieille ville, ainsi qu’en Cisjordanie”. En condamnant les tirs de roquette depuis la bande de Gaza comme les seuls actes “en violation du droit international” qui préoccupent la diplomatie française, il laisse entendre que c’est la “sécurité d’Israël” qui est avant tout en danger faisant écho à la propagande habituelle du gouvernement de Netanyahou. Comble de l’hypocrisie, le communiqué de presse appelle “l’ensemble des acteurs à la retenue”, mettant un trait d’union entre l’exaspération légitime des Palestiniens luttant contre leur oppression et l’Etat d’Israël dont les violations constantes du droit international ne semblent pas soulever le même émoi. La “relance d’un processus politique crédible” qu’appelle de ses vœux le ministre des affaires étrangères ne sera possible que sans la prise en compte des droits de tous, à commencer par ceux des Palestiniens qui en sont systématiquement privés. En ignorant de rappeler Israël à ces devoirs de puissance occupante, la France participe à forger son impunité qui se solde dans la commission permanente de crimes contre l’humanité comme le souligne une fois de plus un nouveau rapport, celui de Human Rights Watch. L’espoir de voir un jour l’établissement de deux Etats ne doit pas camoufler l’échec actuel d’Oslo qui tend à se solder aujourd’hui par l’existence d’un État unique occupant son voisin et dans lequel a été proclamée une loi qui relaie ses propres citoyens notamment arabes à des être citoyens secondaires sur la base de leur appartenance raciale. La paix ne succède qu’à la justice.