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La semaine dernière le gouvernement a annoncé la liste des personnalités qui participeront à la commission “Avenir des dépenses publiques”. En langage non macroniste, cela signifie « créons une commission pour décider comment faire payer la crise aux citoyens ». En mars le Président de la République prenait son ton le plus rassurant « la santé n’a pas de prix », les déceptions du Segur sont depuis passées par là. Il se voulait tout aussi solennel, avançant que tout serait « mis en oeuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu’il en coûte, là aussi ». Ces dernières semaines, les plans de licenciements se succèdent dans des entreprises abreuvées de subventions publiques, pourtant 20 milliards leur seront de nouveau allouées. La théorie du ruissellement est toujours en vogue. Avec cette baisse des impôts de production, le gouvernement réalise un très vieux voeu du patronat français. Pour relancer l’économie, gardons le cap, accélérons, pourrait donc résumer la feuille de route de cette commission. Il y a dans l’air un côté Retour vers le Passé. Nous voyons ici se rejouer les années d’après la crise de 2008 et son discours de réduction des dépenses, c’est-à-dire de l’asphyxie budgétaire programmée pour les services publics, les aides sociales, et tous les dispositifs qui seront nécessaires pour assurer une bifurcation écologique digne de ce nom. En quelque sorte, nos dirigeants s’apprêtent de nouveau à lier les mains de l’Etat pour qu’il ne puisse servir autrement qu’à la politique néolibérale qu’ils souhaitent mener. C’est le but de cette commission “Avenir des dépenses publiques”, qui souhaite « reconstruire une trajectoire des finances publiques en sortie de crise, notamment la gestion de la dette Covid ». Si cette commission existe, c’est d’abord et surtout pour refuser tout débat sur la dette, sur ce qui doit être remboursé ou non, à qui, comment… D’ailleurs, la position du ministre des Comptes publics Olivier Dussopt dans le Monde est très claire : “Laisser penser qu’on peut ne pas rembourser cette dette est un débat d’illusionnistes”. Les conclusions sont sans surprise.Pour cadenasser le débat, quoi de mieux alors que de faire reprendre du service à des personnalités qui se sont distinguées par leur accord total avec la politique d’austérité ? L’on ne sera ainsi pas surpris de retrouver dans la commission le centriste et ministre chiraquien Jean Arthuis, l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot, vous savez celle qui déclarait « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait il a cette loi ? ». Pour les accompagner, il y aura également Marisol Touraine, ancienne ministre des Affaires sociales et de la santé sous François Hollande et véritable pourfendeuse de l’hôpital public, le PDG d’Aéroport de Paris Augustin de Romanet et l’économiste italo-suisse Beatrice Weder di Mauro, ancienne conseillère d’Angela Merkel. C’est cette équipe qui devrait donc se pencher sur l’avenir de la dépense publique. Cette équipe ne vous dira donc jamais combien la dette française est désirée par les marchés financiers.Pour nous rassurer sur cette habitude de nos dirigeants à nommer des pseudo-experts pour mener la réflexion sur des sujets qui concernant de si près nos vies, Olivier Dussopt rappelle que : “L’idée n’est pas de choisir à la place du gouvernement, mais d’éclairer le débat public dès à présent, à un moment où nous sommes pris par l’urgence.”Éclairer le débat public ? Disons plutôt partir en éclaireur, commencer dès aujourd’hui à lancer des ballons d’essais, à organiser la bataille de demain pour faire payer la crise à tous les citoyens. C’est ce qu’a commencé à faire Bruno LeMaire la semaine dernière en remettant la réforme des retraites sur la table. Réforme dont on nous disait l’année dernière qu’elle était essentielle pour maintenir les comptes à l’équilibre, aujourd’hui elle serait à même de rembourser une partie de la dette ! Le chantage à la dette est une vieille recette, et nos combats contre l’austérité avaient marqué la période post-crise de 2008 en offrant une direction alternative, celle de l’humain d’abord, de la réponse aux besoins vitaux. Cette bataille est d’actualité, la crise du Coronavirus nous a montré combien ces politiques de compressions budgétaires fragilisent nos institutions et se soldent par l’accroissement des inégalités, de la pauvreté. Cette austérité nous a rendus vulnérables aux chocs que provoquent la dégradation de l’écosystème. Au front anti-austérité doit s’ajouter une solide proposition alternative guidée par la réorientation des choix politiques et économiques vers nos besoins, ceux que nous déciderions !