Semaine de contrôle du gouvernement : mes questions au Ministre de l’éducation

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J’ai interrogé cette semaine le Ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans le cadre de la semaine de contrôle des politiques menées par le Gouvernement en matière d’éducation :

 

Question sur le pré-recrutement des professeurs 

 

 »   Monsieur le Président, Monsieur le Ministre de l’éducation, mes chers collègues.

Le projet de loi de finances de 2018 a annoncé la suppression de 2 161 postes d’enseignants stagiaires. Cette suppression acte officiellement la crise de recrutement chez les enseignants et aura pour effet de multiplier les recrutements de contractuels de plus en plus précaires.

Cette baisse du nombre de postes offerts aux concours est en plus un très mauvais signal envoyé aux étudiants. Le milieu enseignant demande au contraire des mesures concrètes permettant la revalorisation de leur métier.

Le pré-recrutement peut à notre sens développer l’attractivité du métier enseignant. Ce dispositif alternatif de formation des enseignants a pour objectif de pallier la crise de recrutement en motivant davantage et plus tôt les étudiants à choisir la carrière d’enseignant.

En effet, la hausse du niveau de recrutement, de la licence au master, réduit le nombre de candidats potentiels. Actuellement, on accède à la formation d’enseignant à la fin de son master, soit un niveau d’étude auquel peu d’étudiants issus des classes populaires accèdent. Pour relever le défi du recrutement mais également pour diversifier les profils de cette fonction, il faut aller les chercher.

Nous sommes favorables à la mise en place d’un pré-recrutement à partir de la première année de licence. Ces pré-recrutements devront être rémunérés : pour assurer une réelle démocratisation de l’accès aux études supérieures et aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, il est nécessaire de dégager les étudiants des contraintes financières.

Nous proposons également d’instaurer le concours au niveau licence 3 au lieu de la fin du master 1. Cela permettrait d’avoir deux années de formation professionnelle comme stagiaire et améliorerait les conditions d’entrée dans le métier avec une meilleure confiance des nouveaux enseignants sur leur qualification.

Monsieur le Ministre, que proposez-vous pour revaloriser le métier d’enseignant ? Pensez-vous expérimenter à grande échelle un pré-recrutement des professeurs au niveau bac ou licence avec un premier concours puis une formation continue en fonctionnaire stagiaire ?    »

 

Question sur la scolarisation des mineurs non accompagnés

 

 »   Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, mes chers collègues.

L’article L. 131-1 du Code de l’éducation dispose que « l’instruction est obligatoire pour les enfants des deux sexes, français et étrangers, entre six ans et seize ans ». La scolarisation des mineurs non accompagnés est un droit ET une obligation.

La Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant reconnait un droit à l’éducation à tous les enfants.

Le Défenseur des droits rappelle dans chacun de ses avis que la scolarisation des jeunes migrants doit être une priorité absolue.

Pourtant, aujourd’hui, en France, des jeunes mineurs se retrouvent à la rue, sans prise en charge et sans démarches lancées pour leur scolarisation. Ces situations intolérables se multiplient et doivent être dénoncées : les enfants migrants sont avant tout des enfants !

De nombreux obstacles freinent cet accès au droit commun comme par exemple la lenteur de certains Conseil départementaux de les reconnaitre comme mineurs non accompagnés. Les démarches administratives de reconnaissance de leur minorité retardent leur accès à l’institution scolaire – sans compter la précarité liée à la vie en hôtel social, en bidonville ou en squat et les expulsions potentielles de ces lieux qui les livrent de facto comme proies à des organisations criminelles.

La place de ces jeunes est à l’école et non à la rue ! C’est pourquoi nous demandons que les jeunes migrants soient scolarisés dès leur accueil temporaire, et que cette scolarisation soit une priorité absolue tant pour les services de l’aide à l’enfance que pour les services du CASNAV quels que soient les doutes qui peuvent peser sur leur âge réel, quelles que soient les conditions de séjour, de résidence et de leur prise en charge sur le territoire français

Monsieur le Ministre, quels moyens indispensables comptez-vous mettre en place pour garantir l’accès à l’école de tous les enfants, sans aucune distinction ?    »

 

 

Sur la revalorisation des salaires des enseignants du premier degré :

 

En septembre 2017, l’OCDE conclut dans son rapport annuel comparant les systèmes éducatifs de ses 35 pays membres que les salaires des enseignants français en primaire sont inférieurs de 9% à la moyenne de l’OCDE.

Pire encore, un débutant gagne deux fois moins en France qu’en Allemagne. Et alors même que le professeur des écoles français travaille 134 heures de plus que son homologue européen.

Il n’est donc pas étonnant que 7% seulement des diplômés du supérieur s’orientent dans cette voie. Parce qu’ils savent qu’ils peuvent gagner bien mieux leur vie ailleurs et que les rémunérations du premier degré restent faibles pour quelqu’un qui a fait des études supérieures. Cela nous interroge de nouveau sur l’attractivité du métier d’enseignant.

La France a longtemps été dans les pays qui payent le moins ses enseignants du primaire en donnant l’avantage au lycée et à des filières d’excellence (prépas, grandes écoles) par rapport au primaire : il est temps que cela change.

Le corps enseignant attend une véritable revalorisation sociale et salariale des métiers. Il s’agit de redonner du sens au métier enseignant en reconnaissant l’ensemble des tâches qu’effectuent les enseignants et en leur donnant un salaire équivalent à leur investissement et à leur parcours d’études.

Au lieu de répondre à cette attente –cette urgence !-, vous menez une politique de suspicion généralisée envers le corps enseignant en rétablissant le jour de carence pour mener une lutte contre le prétendu « absentéisme » à outrance des professeurs. Or, cela risque de fortement impacter leur pouvoir d’achat et pousser certains professeurs à puiser plus fortement dans leur santé pour ne pas être absents.

Nous demandons au contraire de développer la qualification plutôt que le bâton. Nous demandons une revalorisation des salaires enseignants, ceux-là même qui forment les esprits de nos enfants, citoyens de demain.

Monsieur le Ministre, quand comptez-vous mener une politique ambitieuse de revalorisation des salaires des enseignants du premier degré ?