Le scandale des AESH

« Bonjour Mme la Députée, je vais démissionner, on ne peut pas accueillir les enfants comme ça ».
Mme M. est AESH, elle a de l’expérience, connaît son métier, est très appréciée et quand elle balance ça aux enseignants, ils paniquent, elle n’ose même pas le dire aux parents de ces enfants en situation de handicap tant elle sait qu’ils comptent sur elle.
Dans l’école où elle intervient, il y a 8 enfants avec besoin d’accompagnement, ils ont bien la notification de la MDPH. Mme T. accompagne 3 d’entre eux (ce qui ne permet déjà pas de répondre aux besoins nécessaires car l’un des 3 enfants auraient besoin d’un accompagnement à temps plein c’est-à-dire 24h, la durée de son contrat).
A la rentrée, on lui a demandé d’accompagner un 4ème enfant, elle va au boulot en sachant que son travail ne sera pas fait comme il le faudrait. Elle connait parfaitement l’utilité de ce qu’elle fait, c’est pour ça qu’elle l’aime son boulot, malgré la paye, mais elle sait aussi qu’elle est empêchée de bien le faire. 4 enfants sont sans accompagnement depuis la rentrée.
Avant d’appeler la direction académique, je fais un tour des écoles de la circonscription, sur place ou par tel. Il y a heureusement quelques écoles où les besoins sont couverts. Mais partout ça raccommode, les AESH font quelques heures dans une école puis qqes heures dans une autre et partout les directions savent que des enfants sont encore en attente de la notification MDPH. Il y aura donc de nouveaux besoins en cours d’année et chacun est convaincu qu’il faudra faire avec les moyens, déjà insuffisants, pourvus à la rentrée. Nombreux me disent que la mise en place des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnements localisés) n’a rien arrangée, voire dégradée la situation. « Les PIAL, ça gère la pénurie ».
Lors de mon tour, il y a cette directrice à deux doigts de craquer, dans son école il y a 22 enfants en situation de handicap dont 3 avec des besoins à temps plein, il y a 5 AESH. Elle serre les dents en sachant que ce n’est tenable pour personne, en sachant combien les premiers pas dans une classe sont décisifs.
J’appelle la direction académique, ce n’est pas la première année que je le fais pour ce type d’alerte. Mais les arguments ont changé, avant c’était « on a pas les moyens pour couvrir tous les besoins ». Maintenant c’est : « on a les moyens mais on arrive pas à recruter ». J’ai envie d’hurler (j’imagine même pas ce qu’on envie de faire les parents, les personnels des écoles). Au cours des 5 dernières années, avec d’autres députés, communistes, insoumis, socialistes, nous n’avons cessé de faire des propositions pour des mesures sur les salaires, le statut, la formation mais aussi pour le sens du métier, pour que les AESH ne soient pas empêchés de bien faire leur travail. On va continuer avec les député.es Nupes, évidemment, on va aussi se battre pour des places en IME, pour une inclusion heureuse. Au-delà même des AESH, cette bataille c’est celle pour la revalorisation des essentielles, pour toutes celles qui ont leur métier au cœur mais qui sont empêchées de le faire. »