Billet d’humeur : Larmes de lutte !

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« Faut-il se retenir de pleurer, dans la vie publique, au motif que ce serait un aveu de faiblesse ou un manque de dignité ? Ou bien les larmes expriment-elles la souffrance sociale et l’empathie qu’elle suscite ? »

 

N’y voyez aucune tristesse, blues ou même mélancolie de ma part. Mais j’ai comme une envie de vous parler des larmes en politique. Passons sur le pourquoi de cette inspiration, et renvoyons à un autre article les lignes de crête entre émotion et raison, ou encore entre récit et analyse. Passons également sur les larmes de crocodile, elles sont très vite repérées.

Non. Je veux juste m’arrêter quelques instants sur la puissance politique des larmes qu’on ne peut retenir, celles qui éclatent. Il y’a les larmes de grandes figures politiques, les larmes de Simone Weil, de Barack Obama. Celles d’Arlette Laguiller, Lionel Jospin, Roselyne Bachelot ou, plus récemment, Alexis Corbière chez Ardisson… Arrêt sur image : remarquez bien, c’est quand il parle des gamins de la caissière que ça monte. C’est typiquement ce qui viendrait à me faire chialer aussi. Émotion, découragement, rage, épuisement (de toutes sortes), les larmes peuvent être moquées, émouvoir, faire douter.

Alors on se retient. Pourquoi ? Parce qu’on est une femme et que ça fait chialeuse. Pas de sang-froid. Parce qu’on fait de la politique, c’est rationnel (ah ah), pas d’émotion ! Parce que les gens qui souffrent vraiment ne pleurent pas en public. Alors un peu de dignité, voyons.

Bref, je ne sais pas ce qu’il faut faire. Se retenir ? Se cacher, ou laisser les larmes se perdre, nous perdre ? Dans la réalité, il m’arrive quatre fois par semaine de ravaler mes larmes, sans être plus coutumière de la sorte que la moyenne.

Le dernier exemple en date, celui d’une réunion où une bénévole associative expliquait le cas d’un nourrisson de deux mois en centre de rétention. C’est aussi ça qui fait que je me bats. Le père d’Ahed Tamimi, Palestinienne de dix-sept ans, l’explique si bien. Sa fille est emprisonnée depuis trois mois par le gouvernement israélien et sa photo poing levé, larme à la joue, nous soulève : « Ce sont des larmes de luttes ».

Oui, c’est cela. Je n’y vois, moi, que la puissance du combat, du soulèvement.

 

à retrouver sur le site su magazine Regards en cliquant ici !