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C’est l’onde de choc.
Et comme si tout était normal, hier les candidates, candidats, représentants des partis de gauche et écologiste ont dit solennellement la gravité de voir le rassemblement national en tête. Chacun a remercié ses militants, ses électeurs, s’est engagé à continuer le combat. En guise de conclusion un appel tantôt timide tantôt enflammé à rassembler la gauche, à fédérer le peuple, à aller « chercher » les abstentionnistes, c’est normal. La soirée électorale a ses mécaniques, nous en formulons quelques variantes. Vu le contexte, je préfèrerais toujours l’appel à se rassembler plutôt que l’autosatisfaction.
Tout indique pourtant que le pire serait de continuer comme avant. C’est la déflagration.
Le FN devenu Rassemblement National a certes déjà été en tête mais il enracine visiblement, structurellement ses idées racistes, xénophobes, nationalistes. Le choix du repli se pense à présent comme la possible alternance au néolibéralisme briseur de vies, bouffeur de libertés.
Il nous faut assumer l’échec, pas comme une pénitence mais pour admettre combien le travail qui nous attend est gigantesque et qu’il sera nécessairement pugnace. Depuis quelques mois, nous voyons un esprit critique qui s’aiguise, gilets jaunes, jeunes pour le climat, personnels de santé, de l’école, de la justice, collectifs contre les violences et la répression… tous et toutes cernent et décortiquent les questions d’ordre politique. Alors que le mouvement social et culturel offre une version riche de la vie démocratique, les urnes en livrent une version réduite et appauvrie . Cette déconnexion est précisément le problème.
Et brandir l’unité de la gauche comme rempart est ici tout autant une impasse que de vouloir additionner toutes les colères pour les fédérer. La gauche ne peut être un drapeau à brandir, c’est un corpus de valeurs, c’est une adresse au sens de lieu d’habitat et de message. Encore faut il que le message ne soit pas vide de sens. Il ne s’agit pas ici des programmes de chaque organisation politique, elles en ont, les militants.es les défendent avec détermination, non il s’agit là du dessin d’un avenir aussi palpable qu’utopique, un projet politique qui s’invente autour des modes de vie, des questions de travail, de climat. Se retrouver, se parler à toutes les échelles est juste le premier pas, ne négligeons pas que c’est aussi une condition.